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Maya LAMORA

Maya Lamora, le métal dans la peau.

 

Cette plasticienne, à la fantaisie foisonnante et l’imagination débridée, propose plusieurs facettes de son travail.

L’une résolument ludique avec une technique mixte sur toile utilisant principalement le papier, pour croquer des enfants aux visages surdimensionnés, des Boîtes à conter et de simples Délires formels faisant la part belle à la part naïve de l’artiste.

La seconde exploite le matériau textile pour des Chiffonneries composées à base de taies d’oreiller, de tarlatane et de sacs postaux. Il y est question d’ Harmonie, de Résonance et même de Java endiablée ou de Fantômes.

Moins évidente d’accès, même si percent ici et là quelques détails figuratifs, la série Zingueries en métaux marouflés sur toile, laisse pointer un intérêt plus récent, signe d’un plaisir certain éprouvé au cisèlement du plomb. De là à parler d’une évolution irréversible, il y a un pas que l’artiste n’ose pas franchir : « Je préfère ne pas parler d’évolution. Une grande part de la production figurative m’intéresse toujours, et j’y mets les mains parfois. Il se trouve qu’actuellement, mon travail se concentre sur la matière et le métal. Il est d’ailleurs fort probable que j’aille prochainement vers la sculpture qui m’attire beaucoup. »

Il faut dire que Maya Lamora a été particulièrement influencée par l’immense peintre et sculpteur catalan Antoni Tapiès, l’un des tout premiers à intégrer des matériaux non académiques dans ses œuvres. C’était il y a près de trente ans :« Je ne suivais pas son chemin à cette époque, confie-t-elle. Mais son empreinte s’est faite en moi et il m’a donné envie de pénétrer ce monde-là, de mélanger les matières en toute liberté. »

A cette inspiration reconnue s’en ajoute une autre, étonnamment plus diffuse, subliminale même à bien des égards : celle de ses origines familiales. Car si le père de Maya Lamora travaillait dans la métallurgie, elle ne savait pas que son arrière grand-père espagnol fut jadis forgeron : « Voilà en effet ce que m’a appris l’une de mes sœurs qui s’intéresse de près à la généalogie, et qui a effectué des recherches. Je crois à la force de l’inconscient. Et je suis convaincue que c'est tout sauf un hasard si je me suis mise à travailler ce matériau qui, à priori, n'est pas très gratifiant. »

La plasticienne laisse sourdre son imaginaire le plus librement possible, sans message à faire passer ni leçon à délivrer, si ce n'est un message de tolérance en tant que citoyenne. Son seul désir : susciter une émotion dans l’œil du visiteur, au-delà des mots. « Quand on est seule dans son atelier, précise-t-elle, on ne pense pas à la façon dont les œuvres vont être reçues. Mais j'apprécie de sortir de cette solitude pour aller à la rencontre d'un public ». Quoi qu’il en soit, des pièces comme Hazara, Cet obscur objet du désir ou Les Dzingues font mieux que nous indiquer une voie à suivre, ils nous murmurent une musique que l’on pressent à fleur de peau.

 

Frédéric Lacoste / Extrait article du Courrier de Gironde / Sept 2015

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